Il y a 70 ans, la libération.
A l’occasion du 70ème anniversaire de la libération du village (06/12/1944-06/12/2014), la commune, de par son devoir de mémoire et de souvenir, tenait tout particulièrement à rendre hommage à tous ses enfants, civils, militaires, artisans de la libération…
Comme des milliers de Lorrains, les Ettingeois avaient été terriblement marqués durant cette période de la seconde guerre mondiale; d’abord par l’exode et l’éparpillement des habitants en Charente, dès septembre 1939, et lors de leur retour en automne 1940, où ils ne retrouvèrent que ruines et désolations. Dès 1943, alors que rien ne laissait encore entrevoir la défaite allemande, plusieurs de nos compatriotes refusent d’intégrer l’armée du Reich. Tous ces enrôlés de force répondirent tout de même à leur convocation, mais ce ne fut que simulacre, pour éviter des poursuites à leurs parents. Ils revinrent dès la nuit tombée dans notre village pour y vivre cachés jusqu’à la libération. Le nombre de ces réfractaires ira toujours croissant et les “malgré nous” qui acceptèrent sous la contrainte de porter l’uniforme allemand devinrent des martyrs.
Plus d’une dizaine de nos jeunes concitoyens ne revinrent jamais et furent portés disparus sur le
front russe. Le 5 décembre 1944, Etting fut soumis à de violents tirs d’artilleries américaines obligeant la population à se réfugier dans les caves, où elle était quelque peu à l’abri des obus qui pleuvaient sur l’actuelle rue d’Achen. Le lendemain matin 6 décembre 1944, vers 9h00, les premiers éclaireurs U.S de la Century (100ème division), division la plus liée à l’histoire du Bitcherland, arrivèrent par les confins du Finstertahl et de la Grosswies. Quelque peu méfiants, ils interrogèrent les premiers habitants sur la présence éventuelle de soldats allemands dans le village, mais ceux-ci l’avaient quitté depuis quelques temps. Puis ils commencèrent timidement à faire connaissance avant de s’installer chez l’habitant . On imagine bien la curiosité qui animait les jeunes du village à aller à la rencontre de ces soldats; distribution de chewinggum et chocolat en faisait partie. Et c’est ainsi que le jeune Ferdinand Demmerlé accompagna un jour un G.I américain qui venait de réparer le pneu d’un avion de reconnaissance; ils entendirent sur leur trajet qui les menait tous deux vers la Gaeschwies, un sifflement identique à celui d’un tir de fusil . Il se retrouva jeté à terre par son compagnon, pour ainsi le protéger d’une éventuelle embuscade ennemie.
Les réfractaires eux aussi sortirent enfin de leurs cachettes; les premiers furent d’ailleurs transférés dans des camps de prisonniers par les Américains où leur sort ne fut réglé qu’après plusieurs mois de captivité. Peu à peu la vie civile se réorganisa malgré la présence de nombreux réfugiés de villages encore occupés et les G.I’s hébergés dans la commune.
Le 3 Janvier, lors de l’opération Nordwind, les Allemands firent à nouveau leur apparition à l’entrée du village. C’est ainsi qu’une patrouille de trois soldats allemands fut repérée par un avion de reconnaissance et mortellement touchée par un soldat américain qui se cachait derrière le cimetière. Le 15 mars 1945 les G.I’s quittèrent notre village pour continuer l’offensive en Allemagne, et nous mener vers les chemins de la victoire et de la liberté. Le 5 août 1945, quelques mois seulement après l’armistice du 08 mai 1945 qui marqua la fin des hostilités, la commune organisa une fête de la
libération avec un défilé dans les rues du village, ainsi qu’une cérémonie de recueillement au mémorial érigé devant l’église. Les habitants se retrouvèrent ensuite dans le Grumbeeregarde pour fêter ensemble la victoire en présence des élus locaux.
Quelques années plus tard, en automne 1949, notre commune représentée par le Maire Clément Hittinger, se voit décerner la Croix de Guerre 39/45 lors d’une cérémonie officielle ayant eu lieu à Rohrbach-lès-Bitche. L’anniversaire et les commémorations de la libération sont également pour nous l’occasion de rendre hommage à ces milliers de soldats américains qui traversèrent notre région en ces années 1944/1945.
(Sources et remerciements: Sébastien Steffanus, Sylvain Hittinger,
Hubert Kimmel , Ferdinand Demmerlé, Mairie d’Achen, Internet)
Remise de la médaille de guerre aux villages
sinistrés, en 1949 à Rohrbach.
A gauche, le Maire Clément Hittinger et
Bernadette Rimlinger épouse Hoffmann
Yvonne Rimlinger épouse Kirch et
Robert Zins devant la stèle à l‘effigie du
Général De Gaulle, dressée place de l'église en 1945